Nous citons ici la conclusion d’un article « L’âme du chef » par dans la revue Scout de France « Le Chef », du 15 novembre 1928, sous la plume du père Maurice Deschard, sj. Par chef, il faut entendre tout homme qui exerce des responsabilités : officier, chef de troupe ou de patrouille, ingénieur, cadre, chef de famille…
Le père décrit l’âme du chef : un esprit de décision, un homme, une autorité personnelle et enfin, une mission divine.
Ainsi conçu, le rôle du chef nous apparaît comme une participation à l’action divine sur le monde. Dieu, en respectant nos libertés, nous gouverne et gouverne tout, et nulle autorité ne serait légitime qui ne découlerait pas de la sienne. Tout chef a une mission divine, est l’envoyé de Dieu, Mission qui peut tirer son origine de la fonction qu’on a à remplir. L’officier, l’ingénieur… l’ont du fait de leur situation. A eux de se faire une âme de chef, dans la mesure de leurs devoirs.
La réciproque est aussi vraie et je veux y insister. On peut en toute simplicité se sentir l’âme prête. Il faut alors avoir l’audace et l’humilité de se reconnaître chef. D’instinct, les enfants font cela dans leurs jeux. Les mauvais savent le faire. Pourquoi pas les catholiques aussi ? Il faut s’imposer comme chef — pour tel but précis — en respectant les autorités voisines — au collège, à l’atelier, à la paroisse. S’imposer, bien sûr, avec cette force affectueuse, cette délicatesse avisée, sans froissements inutiles, avec prudence. On l’a dit : nous souffrons de n’avoir pas de chefs. A-t-on assez proclamé ce devoir : quiconque avec les qualités voulues, se sent la force de prendre une initiative, une responsabilité, est tenu, car Dieu a compté sur lui, d’assumer cette responsabilité, de réaliser cette initiative. La fausse humilité cache ici la paresse égoïste.
Mais aussi quelle mission splendide ! Participer à la paternelle Providence de Dieu, pour mener les âmes vers une vie plus haute, vers une famille, une Cité, une Eglise plus saintes.
Je souhaitais à chacun au début de ce travail, de pouvoir trouver dans cette énumération trop sèche l’unité vivifiante où son idéal puiserait un enrichissement. Alors ceci n’aura pas été inutile.
Je n’ai qu’un mot à ajouter. L’âme du chef, du chef digne de son titre, me semble de plus en plus riche, et si pleinement belle, que j’y vois la plus haute expression du rêve que Dieu a fait sur l’humaine créature. Alors n’est-ce pas encore au-dessus des modèles que nous avons proposés qu’il faut en chercher le prototype ? Vous l’avez déjà pensé, mes frères chefs. Le vrai modèle pour vous, ce ne peut être que le plus beau des Enfants des Hommes. Auprès de Jésus, chaque jour, allons puiser la grâce de notre autorité.