Extrait de Le Livre de Vison, Editions Tra-Son, Paris, 2017, p. 16-19.
« Sur mon honneur et avec la grâce de Dieu, je m’engage à servir de mon mieux Dieu, l’Eglise et ma Patrie, à aider mon prochain en toutes circonstances, à observer la loi scoute. »
Ainsi êtes-vous devenus scouts un jour. Non pas le jour de l’achat du béret, sinon tous les basques seraient scouts. Vous croyiez que c’était après la première nuit passée dans les bois ? Non, sinon les arbres et les écureuils seraient plus scouts que nous. On devient scout en le promettant. On perd son honneur scout en faisant mentir cette formule. Décortiquons-la.
« Sur mon honneur et avec la grâce de Dieu ». C’est une riche formule chrétienne qui signifie que le motif et le moteur de votre action est théandrique. Ça vous impressionne ce mot, hein ? ça veut dire à la fois divin et à la fois humain. Donc c’est sur la grâce de Dieu que tout repose, puisque, dit Jésus, « sans moi vous ne pouvez rien faire ». Mais elle se greffe sur ce que vous êtes, le sentiment de votre dignité qu’on appelle l’honneur.
« Je m’engage ». La promesse vous arrache, vous entraîne : oui il y aura des conséquences. Les peureux, les lâches n’assument pas les conséquences de leurs actes ou ne font rien qui les oblige pour le futur : par exemple ceux qui ne sont pas assidus aux activités de la troupe ou bien n’excluent pas la possibilité d’arrêter quand il leur plaira ; dans un autre domaine ceux qui vivent une relation amoureuse sans se marier ou alors sans vouloir d’enfants. Toute la vie scoute est un « Je m’engage ». Je tiens ma place dans la patrouille, je suis au rendez-vous, je pars en radeau sans possibilité de revenir en arrière, je m’engage dans ce roncier et adieu mes belles jambes et mes chaussures sèches.
« À servir de mon mieux ». Non seulement vous signez, ce qui vous engage dans un contrat moral, mais en plus le contrat est exigeant ! Servir n’est pas toujours drôle et en plus il faudrait le faire de son mieux, avec le sourire… Si vous voulez mon avis, le scoutisme est une absurdité pour le pékin contemporain.
« Dieu, l’Eglise et ma Patrie, à aider mon prochain ». Quatre directions qui n’en sont qu’une : devoir d’amour, d’amitié, de reconnaissance. A Dieu, vous devez tout : donnez-lui tout. A l’Eglise, qui vous donne Dieu : donnez des âmes, soyez apôtres, formez-vous. A votre pays, vous devez énormément : rendez-lui ce que vous pouvez, parlez correctement sa langue, connaissez et aimez son histoire au-delà de la bouillie qu’on vous inocule en classe, campez dans toutes ses régions et allez prier à ses sanctuaires, grimpez ses collines, descendez ses rivières, arpentez ses forêts. Enfin, le prochain : je n’aurai qu’un mot. Un scout qui n’est pas serviable est un faux scout, un scout en toc, son uniforme est une publicité mensongère.
« En toutes circonstances » cela veut dire sans conditions. Vous êtes un scout, pas une « offre spéciale » avec marqué en police six en bas de page « voir conditions particulières ». Non, vous rendez service sans conditions, même si entre temps vous aurez reçu une invitation à une soirée, un anniversaire, une partie de chasse ou de « Call of ». Vous rendez service, même si ce prochain n’est pas votre meilleur ami. Vous rendrez service, même s’il est plus dur que prévu, plus long. Et si le demandeur n’ose pas demander : vous irez au-devant du service, vous l’inventerez s’il faut !
Le Livre de Vison, sous-titré « L’enseignement du CT », est un recueil d’évocations sur la loi, la promesse ou l’enseignement que l’on peut donner à la HP. S’il veut nourrir la réflexion du chef de troupe, il est aussi pour tous ceux qui veulent « penser leur scoutisme », chefs de patrouille, anciens, ou même éducateurs, au-delà des milieux scouts. Les textes sont courts et percutants, adaptés à la jeunesse actuelle. Le Livre de Vison est disponible aux éditions Tra-Son.