Un extrait de « Les enfants des bois », de Sarah Wauquiez, sur le jeu chez les plus petits.
L’apprentissage des jeunes enfants est largement dominé par l’imitation et par le jeu. C’est comme cela qu’ils apprennent à se connaître, à appréhender leurs semblables et le monde qui les entoure. C’est par le jeu qu’ils gagnent en expériences, qu’ils développent leur capacité à apprendre et à se concentrer, leur autonomie, leur créativité et leurs compétences sociales.
On peut distinguer quatre aspects dans les jeux auxquels les enfants se livrent : l’information ou la réception (reconnaître des objets, regarder des images, écouter une histoire), l’action (jeter des feuilles en l’air, grimper, sauter dans une flaque — jeu sensori-moteur), la construction (assembler, dessiner) et la symbolique (le bâton se fait fusil ou baguette magique).
L’intérêt des plus jeunes est la plupart du temps tourné vers les éléments (jeu fonctionnel) : saisir — au sens propre et figuré — la boue, la pluie, l’eau qui coule, les pierres ou les feuilles. Ils peuvent passer une demi-heure à enfoncer et ressortir leurs pieds d’une flaque boueuse, à manipuler l’eau du ruisseau, à parcourir le bois un bâton à la main, à jeter des feuilles en l’air, sans relâche. A trois ans, ils commencent à faire des constructions plus compliquées, à utiliser ciseaux et autres outils pour avoir plus de possibilités de création. C’est la grande phase du jeu symbolique. Il devient de plus en plus fantastique, l’imitation des situations du quotidien diminue. Le jeu de rôle commence. Vers 3-4 ans naît la motivation de la performance. Les enfants commencent à se comparer les uns aux autres. L’âge des « pourquoi ? » commence.
A l’âge de 4 ans, les enfants aiment normalement jouer en petits groupes et sont capables de se soumettre aux règles simples d’un jeu. L’ennui n’est pas ou très peu connu, à condition qu’ils aient le droit de jouer — toujours dans un cadre sécurisant, mais en toute tranquillité, avec peu d’intervention des adultes, et avec le plus d’espace d’action et de décision possible. On peut aider un enfant qui s’ennuie à cet âge en disant : « Je suis sûr que tu vas bientôt avoir une idée de jeu », ou bien en lui demandant ce à quoi il aimerait jouer et nommer certaines activités possibles, ou encore en lui montrant une nouvelle manière d’utiliser une ressource.
Vers 5 ans, les enfants s’intéressent de plus en plus aux explications scientifiques. C’est la grande phase des « pourquoi ? ». Pourquoi de la résine s’écoule-t-elle de l’arbre à cet endroit ? Pourquoi les feuilles tombent-elles en automne ? Puisqu’ils posent beaucoup de questions, il convient de leur répondre avec des images simples et compréhensibles, et pourquoi pas, puisqu’ils sont pleins d’idées et d’imagination, leur demander en premier ce qu’ils en pensent ?
Entre 5 et 6 ans, les enfants sont à l’âge du jeu créatif non spécifique et à l’âge des contes. Ils montrent un penchant certain pour les chansons, les comptines et les rituels. Ils aiment jouer des rôles. Le résultat de leur action prend manifestement davantage d’importance. A cet âge, la motricité fine est suffisamment développée pour qu’ils puissent mettre en œuvre leurs idées de façon autonome. Ils intègrent d’avantage de règles, comme pour le chat perché ou cache-cache. Mais le jeu sensori-moteur est toujours d’actualité, ainsi que le jeu de construction qui se différencie (les enfants sont maintenant capables de construire eux-mêmes des cabanes).