« Nous sommes en guerre ». C’est ainsi que s’exprimait le premier ministre en 2015, et force est de constater qu’au-delà des théâtres d’opération extérieurs, le sol français est le lieu d’une guerre bien réelle, qui frappe aveuglément, sans prévenir. Des adversaires sont sur notre territoire, et ne rêvent que d’une chose : remplacer notre civilisation par une autre, par la force s’il le faut.
Mais nous sommes en guerre aussi d’une manière plus sournoise, plus insidieuse. Avons-nous bien à l’esprit que tout ce qui s’oppose à Dieu vient de Satan ? Il nous faut avoir ce regard spirituel sur notre quotidien. Voyons le Maître et Seigneur, le Bon Pasteur qui veille sur son troupeau. Chaque enfant avorté, c’est un agneau dévoré par un loup. Chaque publication pornographique, c’est une nouvelle attaque. Chaque fois que triomphe l’individualisme, le plaisir égoïste, les fausses doctrines, c’est Satan qui assaille la citadelle divine.
« Les chevaliers devaient être prêts à verser leur sang pour la Sainte Eglise et à donner leur vie pour la défense et le sauvetage des faibles et des opprimés » (JS). Le colonel Beltrame nous a donné l’exemple d’un chevalier, bien réel, au XXIe siècle. Cette chevalerie si chère à la France n’est pas morte et l’esprit de droiture, de surérogation, de service est toujours là. Il se révèle parfois tragiquement. Mais forme-t-on encore des chevaliers ? Et si, plutôt que de se demander comment on « se radicalise », on se demandait comment former ces hommes d’honneur, prêts moralement et physiquement à servir le prochain, et par lui, le Dieu Tout-Puissant ?
Nous sommes en guerre. Nous sommes en guerre et nos chevaliers semblent avoir disparus, s’attiédissant sous l’influence des richesses et de la mondanité, comme en d’autres siècles. Chacun vit dans son petit confort, « encanapé » et « pantoufliste ». Les meilleurs d’entre nous ont un destin tout tracé : bac avec mention, bonnes études, travail sérieux. Mariage, famille nombreuse, enfants dans des écoles catholiques. C’est déjà beaucoup. Mais est-ce suffisant ?
Nos croisés du XIIe siècle, eux aussi, avaient une famille. Plus encore, ils avaient beau château, ils avaient province à administrer. Mais ils n’hésitaient pas à tout quitter pour aller défendre quelques chrétiens opprimés à l’autre bout du monde, pour défendre l’honneur du Christ.
« Engagez-vous sans tarder ; que les guerriers arrangent leurs affaires et réunissent ce qui est nécessaire pour pourvoir à leurs dépenses ; quand l’hiver finira et que viendra le printemps, qu’ils s’ébranlent allègrement pour prendre la route sous la conduite du Seigneur. » (Urbain II).
La citadelle du Christ est assaillie. Sommes-nous prêts à être ses soldats ? Oh, bien sûr, nous affirmons être prêts à être ses éclaireurs, en première ligne, volontaires ! Mais en faits, nous n’y allons que timidement, pressés et contraints, puisqu’après tout, nous ne vivons pas si mal, et que si nous râlons un peu ; si nous nous désespérons beaucoup, notre quotidien est bien confortable. « Du pain et des jeux » disait-on à Rome. Nous ne sommes pas si différents.
Peut-être sommes-nous trop habitués à être protégés par une armée de métier. Après tout, les soldats, c’est leur métier d’être prêts à mourir pour la France. Et les luttes spirituelles, c’est le boulot des prêtres… Trop facile.
La chevalerie que nous revendiquons ne semble plus être qu’un symbole. Il paraît parfois que nous sommes en train de dresser la table du Maître, jolie et fleurie, dans la grande salle du château, alors que les murailles sont en feu et assaillies de toute part. Il nous faut prendre la mesure de la situation. Evidemment, le Maître veille, mais il attend aussi le soutien de ses cohortes.
« Pour nous, ce n’est pas ordinairement par les armes, mais par notre dévouement que nous mettrons notre force au service de la faiblesse, faiblesse morale, faiblesse sociale, aussi bien que faiblesse physique ; et c’est cela qui constitue réellement chevalier » (JS). Tant d’entreprises, tant d’œuvres de reconquête nous attendent. Puissent de nombreux catholiques entendre cet appel. Puissent-ils être capables d’y consacrer leur vie. Nous portons bien souvent une croix autour du cou, certains d’entre nous la portent brodée sur le cœur. Faisons en sorte qu’elle ne soit pas qu’un bijou.
« Cette croix d’étoffe ne vaut pas grand-chose, si on l’estime à prix d’argent, mais, placée sur un cœur dévoué, elle ne vaut rien moins que le royaume de Dieu. » (saint Bernard).
Bonjour,
je suis tout à fait d’accord avec votre texte. Baigné dans le scoutisme dès mon plus jeune âge, j’ai toujours eu cet esprit de chevalerie. A ma majorité, chef de troupe, j’ai cru que je pouvais en faire plus, donc je me suis engagé dans la gendarmerie. Cette arme était pour moi le prolongement de cet idéal. Oui, on est naïf à 18 ans. Mais que cela ne tienne, cela me permettait d’aider les gens en détresse, l’autorité en plus et j’ai fais ma carrière en ce sens du mieux que j’ai pu. Et maintenant à la retraite, je me pose la même question, Où est la relève ? –
Merci pour votre témoignage.
La relève… elle est peut-être là où nous l’attendons le moins. Je crois que c’est à nous de savoir la susciter, à nous de prendre chacun les petits moyens qui sont à notre portée. Tout le monde peut agir concrètement autour de lui, et y convier un ou deux amis. Certains pourront faire plus. Mais je suis certain qu’on ne changera pas grand chose en refaisant le monde dans un salon, ou en critiquant toutes les tentatives du voisin.
Sans aucun doute, l’enjeu de l’éducation est fondamental aujourd’hui. C’est une évidence, mais il faut agir. Je crois aussi que le scoutisme est une réponse parfaite aux défauts de notre temps ; à condition que les associations, si diverses soient-elles, se donnent la peine de comprendre l’esprit qui animait les fondateurs, et qu’elles ne considèrent pas ce temps là révolu.
L’esprit de chevalerie, au naturel comme au surnaturel, est un phare qui doit guider chacune de nos journées. Pour cela, il nous faut prendre la peine de l’approfondir, de le comprendre, de le définir, d’en trouver des exemples incarnés, pour en être mieux animés.
Mais sans aucun doute, c’est d’abord sur le terrain des âmes qu’il faut mener une grande croisade. C’est là que réside toute la pensée du Père Sevin, et c’est en adoptant son esprit et ses moyens que nous convions toutes les âmes de bonne volonté à y participer.
Superbe, comme d’habitude.
Merci !
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