Chefs scouts, bientôt vous serez en camp avec vos garçons. Au-delà des préoccupations matérielles, n’oubliez pas de préparer cet été en commençant par votre vie spirituelle.
Prier, converser avec le Christ, avec notre Compagnon. Prendre conseil auprès de lui… vous connaissez l’histoire : « je l’avise et il m’avise ». Que nos prières ne soit pas superficielles, récitées (le mot horrible !) parce qu’il faut le faire, le plus rapidement possible, mais qu’elles viennent du fond du cœur, qu’elles soient cet entretien privilégié avec notre meilleur ami.
Lutter… lutter, c’est notre quotidien. C’est tout le combat spirituel. Mais on ne part pas à la guerre sans avoir fait ses classes, sans s’entraîner, sans connaître son ennemi. Les Exercices ignatiens sont une formation indispensable pour tenir face à l’adversaire. Notre Loi scoute, bien sûr doit être aussi le rempart, le bouclier et l’armure, qui nous maintient sains et saufs dans la bataille que nous livre le Monde.
La lutte spirituelle doit nous éviter le péché et nous permettre de sauver notre âme, mais prenons bien conscience – et ce peut-être un moyen de trouver un regain d’énergie – prenons bien conscience que notre lutte quotidienne est aussi un excellent apostolat par ses mérites spirituels.
Souffrir enfin. C’est la moindre des choses lorsqu’on prend une croix pour emblème, surtout lorsqu’on la choisit bien sanglante comme le dit le Père Sevin… Partir en camp, c’est s’entraîner au retrait du monde. La loi, la promesse, l’investiture du chef, tout l’ordonnancement de notre vie scoute vise à une immolation permanente de notre petite personne, par les mérites de la Croix : « Souviens-toi que tu ne t’appartiens plus mais que tu es fait pour servir » dit le Départ Routier, faisant écho à l’article 3 de notre loi. On croirait entendre Saint Paul… Notre vie de camp doit être ce renoncement permanent à notre volonté, cet oubli total de nous-mêmes qui entraîne notre âme à l’union au Corps mystique du Christ, qui lui offre une humanité de surcroît, pour reprendre sainte Elisabeth de la Trinité.
Prier, lutter, souffrir. Voilà le fondement de notre esprit. Voilà le premier de nos apostolats. Notre première croisade pour gagner les âmes. C’est moins gratifiant, moins spectaculaire que les sorties ski, que les grands jeux, ou que toutes les œuvres que nous pouvons et devons mener. Mais c’est le fondement indispensable de tout, et soyons bien persuadés qu’un petit sacrifice offert vaudra bien plus que tous les jeux que nous pourrons mener. Ayons cette foi, cette confiance dans l’action divine, qui n’a pas besoin de notre petite science pour enseigner nos chefs de patrouille. Nous serons bien étonnés, en entrant dans la Maison du Père, de découvrir tous les fruits silencieux des chefs qui se sont immolés pour le salut des âmes qui leur étaient confiées. « Que notre fait ne soit point parade et littérature, mais loyal ministère et sacrifice coûteux » ! (1)
1 – Père Jacques Sevin, prière des Chevaliers.