Extrait de Routiers, père Doncœur, Librairie de l’art catholique, 1925, p.7 à 10.
Routiers. Le mot est dur ; il est fier et joyeux.
Fils de cavalier, il a fallu la guerre pour me faire fantassin et m’apprendre ce qu’est la route et comme il est savoureux de conquérir la terre de son pas.
Routes ! saintes routes terrestres, voies sacrées qui portez dans vos poussières, mêlées à l’innombrable piétinement des Routiers, Viatores, l’empreinte divine et les taches de sang de Jésus-Christ ! Est-ce hasard si le Maître, qui se nommait lui-même la Route, a si obstinément traîné derrière Lui sur les chemins de Galilée ou de Samarie les matelots arrachés à leurs bancs de rameurs, et les scribes décollés de leurs fauteuils, dont il voulait faire des conquérants ? Sequere me ! Est-ce hasard si les grands façonniers d’hommes par ailleurs si divers, les François ou les Ignace ont été, et leurs disciples avec eux, les plus infatigables pèlerins d’Europe et de Palestine ?
En ce temps, où il est si urgent d’arracher aux langueurs et aux fièvres une race qui semble heureuse de s’avilir avant que de s’épuiser, n’est-ce point un signe de salut que, dégoûtée des salons et des plages, une jeunesse s’élance sur les belles routes de France où saigneront ses pieds ?
[…]
Adolescens tibi deco, surge ! Et c’est saint Paul qui t’appelle : Debout, toi qui dors, debout d’entre les morts et le Christ t’illuminera ! t’amuses-tu tellement, beau garçon, à renier ta jeunesse, à te grimer en petit vieux, à te poudrer en fille ? Allons, laisse éclater le chant que ton corps et ton cœur tiennent captif ; délivre-toi, fils de Dieu ! Cœur pur, volonté virile, chausse tes gros souliers, boucle ta ceinture, et, sac au dos, tête au vent, marche ! Tu verras quelles rencontres tu feras en ce beau pays que tu ignores, parmi ce peuple qui t’attend.»
Oui , mon chef de clan de l’époque , nous citait ce cri de Saint Paul , pour nous tirer vers « le haut « , – Clan Saint Michel -1967 – CC Daniel Roy. ( FSE )