Voici un extrait de Pour devenir Scout de France, 3e édition, de 1925.
Ce manuel, rédigé par le vénérable Père Sevin, était remis à tous les novices pour préparer leur Promesse. Notons que les trois principes ont été rajoutés par le Père à la loi de Baden- Powell pour la couronner et lui donner toute son orientation. Ce n’est qu’à la lumière de ces trois principes que la loi scoute doit se comprendre et s’interpréter.
1 – Le Scout est fier de sa foi et lui soumet toute sa vie.
Tu es catholique. C’est une supériorité, une force et un honneur, gratuits. Avec les plus nobles cœurs qui aient honoré le genre humain, tu possèdes la Foi, la vraie, celle qui a produit les héros, les martyrs et les saints. Remercie Dieu et sois-en fier.
Connais-la bien, ta Foi, pour la pratiquer, la défendre, la propager. Aime-la dix mille fois plus qu’un soldat son drapeau. Mais un drapeau dans la poche n’est plus qu’un mouchoir ; montre-la donc, arbore-la, étale-la. C’est plus que ton droit, c’est ton devoir.
Soumets-lui toute ta vie, dans ses détails : non seulement privée, mais publique. Au lycée comme au collège, dans la rue, à l’atelier, au camp, montre-toi ce que tu es : Rien n’est neutre, pas même le Scoutisme. Pense, parle, agis en catholique, en « esprit de foi ».
Si tu hésites, fais ce que tu as peur de faire : le Paradis n’est pas pour les poltrons. Méprise le respect humain et l’on te respectera. Ne reçois pas l’exemple, donne-le. Si tu es timide, rougis et marche quand même. On te suivra, et tu auras délivré ceux qui étaient prisonniers de leurs craintes. « Celui qui m’aura reconnu devant les hommes, dit Jésus, je le reconnaîtrai devant mon Père. »
2 – Le Scout est fils de France et bon citoyen.
Né Français par la grâce de Dieu qui a choisi pour toi la Patrie terrestre où tu dois faire ton salut éternel, tu es fils de France : aime ta Mère. « Terre majeure, douce France, » comme disaient nos aïeux, elle mérite que tu l’aimes pour la beauté de son territoire, la clarté de sa langue, le caractère de ses habitants, pour toutes ses gloires et ses malheurs. Elle est le pays des grandes idées et des grands dévouements : Les Croisades sont son œuvre, les Cathédrales, son invention, et nul ne donne aussi généreusement son or et le sang de ses fils pour la propagation de l’Evangile. Sois fier de descendre spirituellement de saint Louis et de sainte Jeanne.
Sois patriote, ce n’est pas une infirmité. Le patriotisme ne consiste pas uniquement à pavoiser les jours de fête et à chanter l’Hymne National, mais à servir et à te préparer à servir. Le service militaire est le premier service, — après celui de Dieu, — mais il n’est pas le seul : tu dois être capable de commander une section et de verser ton sang, mais tu dois aussi apprendre à bien voter. Prépare-toi à être un bon citoyen : Connais ta France, comprends-la, sois au courant de son histoire, de ses institution, de ses lois, observe jusqu’aux règlements publics. Etudie les questions économiques et sociales, passe ton brevet d’Homme d’œuvres et de Citoyen.
Envers l’étranger : ne le hais pas, ne le méprise pas, ne l’ignore pas. Ne favorise pas indûment son commerce et n’imite pas ses modes. Sache sa langue et parle la tienne : France d’abord.
3 – Le devoir du Scout commence à la maison.
Avant d’être à la Troupe, tu appartiens à tes parents, et la Loi Scoute n’est pas faite pour être observée seulement quand tu es en uniforme. Tu es Scout chez toi, comme partout, et c’est envers tes parents et tes frères et sœurs d’abord, que tu dois te montrer franc, dévoué, obéissant, courtois.
Si le Scoutisme ne développe pas en toi l’esprit de famille, c’est que tu ne comprends pas bien ni l’un ni l’autre, car avoir l’esprit de famille ne consiste pas à rester entre quatre murs au milieu des siens, mais à aimer leur compagnie et à s’ingénier à leur rendre agréable la vie en commun, en leur réservant le meilleur de son cœur, de son temps, de son dévouement. C’est une erreur de te dépenser pour ta Patrouille si tu refuses de faire les commissions de ta mère ou d’aider ton père dans son travail. A quoi serviraient en ce cas les brevets que tu gagnes : homme à tout faire, menuisier, cuisinier ?…
A la maison, tu es toujours de service, et il doit y régner plus de joie, de charité, d’ordre et de confort, parce que tu es Scout. C’est la traduction du quatrième Commandement de Dieu : Tes père et mère honoreras.