« Tu connais par cœur la Loi et tu sais expliquer à quoi elle engage » dit le carnet d’épreuves.
Tu as appris la Loi, elle t’a enthousiasmé. Tu l’as récitée à ton chef, il t’a posé quelques questions auxquelles tu as su répondre.
Tu as fait ta Promesse ; malgré l’émotion, tu n’as pas accroché une seule fois en récitant la Loi ! En même temps, tu te la répétais en boucle depuis deux jours… Tu t’es engagé sur ton honneur à l’observer « s’il plaît à Dieu, toujours ».
Au camp suivant, durant l’inspection, le chef t’a demandé de la réciter. Les deux premiers articles, ça allait. Pour le troisième, le chef t’a aidé, tu as inversé le quatrième et le cinquième, tu as séché sur le sixième… « J’ai pas révisé, chef…»
Qui n’a jamais appris la Loi comme une leçon d’histoire ? Pour l’interro… Et pourtant, tout scout s’engage à en faire sa règle de vie !
Nous te proposons quelques moyens très concrets pour comprendre, apprendre et pratiquer la Loi. Le but de cet article n’est pas de te donner des astuces pour l’ingurgiter à peu de frais. Nous voulons te donner des pistes afin que tu puisses travailler personnellement à faire tienne cette Loi.
Comprendre
Tout d’abord, aller voir ce que les gens compétents en disent, de cette Loi. Les meilleurs spécialistes étant évidemment les inventeurs, il est nécessaire d’en lire l’explication faite par BP dans Éclaireurs et surtout celle du père Sevin dans Pour devenir Scout de France (1) ou dans Le Scoutisme. Le père Sevin a également écrit un poème, qui a été mis ensuite en musique, appelé La Loi scoute.
Ceux qui veulent approfondir, chefs, CP, peuvent lire l’ouvrage du père Héret intitulé La Loi scoute (1) et sous-titré Commentaire d’après saint Thomas d’Aquin, ce qui nous donne une idée du contenu…
Puis, faire un travail de réflexion afin de t’approprier la chose.
Voici un exemple de travail à réaliser en conseil de patrouille :
Chaque scout se munit d’un stylo et d’un petit paquet de feuilles ou de post-it. On prend les dix articles un par un – le CP peut en profiter pour interroger les patrouillards : « Seb, donne-moi le premier article ! » Pour chaque article, les scouts notent sa signification sur un post-it et sur un autre une action simple et concrète qui permettrait de l’appliquer. Ensuite, tous posent leurs deux papiers au centre du cercle et l’on peut les lire, échanger, trouver encore, ensemble, d’autres idées d’application au camp, à la maison, à l’école. On peut lire le commentaire de l’article dans une des références citées ci-dessus. Le CP résume la réflexion commune en quelques phrases afin de fixer les idées, et l’on passe à l’article suivant, non sans avoir enregistré tout cela dans le carnet de la patrouille !
Ce travail peut également se faire seul, même si cela ne permet pas de bénéficier des idées des autres, ou bien de façon plus informelle, au cours d’une discussion avec son CP, son chef, son aumônier.
Veilles, exploration, préparation de la Promesse ou de la première classe, instruction d’un novice… tu auras plusieurs occasions de méditer ou expliquer tel ou tel article. Mais tu n’es pas obligé d’attendre ces occasions…
Apprendre
Afficher la Loi au-dessus de son lit de façon à pouvoir la lire régulièrement, c’est une autre méthode (2). Réalise toi-même un beau tableau, orné à ta façon, car écrire la Loi t’aidera à la mémoriser.
Il existe des phrases mnémotechniques pour retenir l’ordre des articles. Nous préférons ne pas les recommander car si tu apprends avec ces astuces, ton cerveau va y avoir recours systématiquement et tu auras donc toujours un temps de retard. De plus, il faut que chaque article coule de source à l’endroit, à l’envers, ensemble, indépendamment : comment veux-tu, sinon, vivre une règle que tu ne connais que dans l’ordre et en fouillant ta mémoire ?
Le mieux est encore d’apprendre par cœur et de répéter à voix haute jusqu’à ce que ce soit fluide. Au-delà d’apprendre les articles dans l’ordre, nous conseillons d’associer chaque article à son numéro comme si celui-ci faisait partie de la phrase : « Premier article, le Scout met son honneur à mériter confiance ; deuxième article, le Scout est loyal… » Ça, c’est pour briller à l’inspection : en effet, lorsque le chef demandera « Quatrième article ?! » la suite viendra automatiquement.
Associer son corps à l’apprentissage : à voix haute, en chantant, en mimant… tu peux créer une suite de gestes très simples qui évoquent l’idée principale de chaque article.
Parfois, c’est une situation, une anecdote particulière qui fixera dans ta mémoire un article ou l’autre.
Jouer
Beaucoup de jeux très simples peuvent être utilisés pour mémoriser la Loi.
Le béret tournant
On distribue aux joueurs des numéros de 1 à 10 (un même joueur peut avoir plusieurs numéros). Lorsque le meneur de jeu appelle un numéro, les joueurs concernés doivent dire sans se tromper l’article de la Loi correspondant, avant de pouvoir courir chercher le béret. On échange régulièrement de numéros.
On peut y jouer selon les règles du béret classique mais le béret tournant est plus adapté.
« Questions pour un champion »
Pour animer simplement une fin de repas. Le meneur de jeu demande : « 7e article ? », il faut être le plus rapide à répondre. On peut remplacer les buzzers par des quarts à retourner, par exemple.
Le relais
Les scouts en patrouilles sont placés à vingt mètres du chef. Le premier de chaque patrouille court à lui ; il leur pose une question. Il faut donner la réponse avant de pouvoir retourner à sa patrouille pour passer la relais. Si le joueur ne connaît pas la réponse, il court à son équipe demander la réponse et revient la donner au chef avant de passer le relais.
On peut étendre les questions à d’autres domaines (principes, nœuds, morse, histoire du scoutisme ou de la France, culture religieuse…)
On pourra encore transposer les petites fiches recto/verso que nous conseillions pour l’apprentissage du morse ici. Les jeux sont multiples. La seule limite, c’est ton imagination. Mais tu ne pourras pas faire l’impasse : il faut apprendre par cœur, faire régulièrement des exercices, répéter. Il sera avantageux que les chefs interrogent à l’inspection du matin. Pour profiter pleinement de cet apprentissage, il faudrait bien connaître et comprendre le fonctionnement de la mémoire humaine, mais ce serait trop long pour aujourd’hui. Tu as déjà ici tout le nécessaire pour faire de ta loi une règle véritablement assimilée et vécue !
Appliquer
« J’ai pas révisé, chef…
– C’est bien joli d’apprendre et de réviser, mais as-tu essayé d’appliquer la Loi, depuis la dernière sortie ? »
Le meilleur moyen de connaître la Loi, c’est de s’efforcer de l’appliquer. Et – lumière ! – si on l’apprend, c’est bien pour l’appliquer… Plus je l’applique, plus je la sais, et plus je la sais, plus je l’applique !
Jouer à observer la Loi, ou jouer à voir la Loi partout.
En toute circonstance – cela viendra d’abord plus facilement dans les moments difficiles ou en observant la nature – on essaie de trouver l’article qui correspond à ladite circonstance… et on s’efforce de l’appliquer le mieux possible.
La bonne idée est de s’amuser à ce petit jeu en patrouille, parce que c’est plus facile à plusieurs et quand on est dans le bain d’une activité scoute. Le premier qui cite l’article de la situation ! Mais on peut aussi y jouer « avec soi-même » (je ne sais pas si tu as déjà essayé de jouer avec toi-même…)
Avec l’entraînement, on y pensera ensuite dans la vie de tous les jours.
Si cela est possible, c’est que dans un sens, la loi est une transcription de la loi naturelle, mieux encore, de la loi évangélique. D’ailleurs, regarde la vie de la Sainte-Vierge, prends les mystères du Rosaire, et essaye de voir comment notre Maman du Ciel a pratiqué la loi scoute bien avant nous, pour nous montrer l’exemple…
Durant ta prière du soir, tu peux aussi t’examiner sur l’observation de la Loi. Nous détaillerons ce point dans un prochain article.
Enfin, à chaque étape de ta progression, tu choisiras avec ton chef un point de la Loi sur lequel progresser. Prends cette résolution à cœur, note-la sur ton bureau, dans ton agenda, au-dessus de ton lit, chaque matin efforce-toi de prévoir les occasions de l’appliquer que tu pourrais rencontrer dans la journée, puis examine-toi le soir.
Et penses-y, la Loi est une aide précieuse : guide dans tes actions, lumière pour tes choix, plan pour la construction de ton caractère… ta Loi scoute, elle est sainte et sent bon l’Evangile, tu peux en être fier : c’est la loi de Jésus.
(1) Disponible auprès du Réseau Baden-Powell.
(2) Prends garde tout de même ! le Père Sevin fustige ces garçons – faut-il dire ces scouts ? – pour lesquels la loi scoute fournit une belle décoration pour les murs de la chambre ou du local… mais qui en ignorent complètement la pratique.
« La loi scoute, qui n’est pas « une basse contrefaçon de l’esprit évangélique », est à coup sûr un des meilleurs moyens que nous avons d’aider à cette préservation essentielle. Tout compte fait, il n’y a pas à craindre de mettre trop l’accent sur elle et de la faire entrer trop profondément dans l’âme de vos garçons. Est-ce le fruit d’attaques saugrenues dont elle a été l’objet récemment encore : il y aurait plutôt, paraît-il, tendance chez certains à la regarder comme un code d’observances extérieures, un simple règlement. Décemment enluminée, elle fournit un agréable motif de décoration au chevet du lit, et par ailleurs il est de bon ton de se la rappeler de temps à autre : cela fait partie du vocabulaire de la corporation…
Elle est bien autre chose ! Comme tout notre scoutisme, elle est moyen de servir Dieu, – de le servir mieux, ainsi que sont les règles de tous les groupements spirituels ou autres dont le but commun est de créer des élites. Sans elle, nous ne serions pas scouts, on ne le dira jamais trop à ceux qui ont promis de l’observer. Mais en les rappelant à ce devoir primordial, il ne faut pas laisser laïciser cette loi si chère : si nous nous efforçons de l’observer, c’est parce que nous l’avons promis sans doute, mais parce que nous l’avons promis à Dieu. C’est à Lui que nous tenons parole, et sachant que nous ne le pouvons qu’avec sa grâce. Nous accomplissons donc œuvre d’amour et par amour. J’ai toujours pensé, pour ma part, qu’un scout qui prononce sa promesse après s’y être préparé comme il faut, fait un acte de charité parfaite. » Père Jacques Sevin, 1929, Ensuite aimer.