Extrait de Tout l’Evangile dans toute la vie, du Chanoine Thellier de Poncheville, 1934, p. 115.
Oui, je sais, il y a d’autres causes à cet exode du prolétariat loin de Dieu-Ouvrier qui a inspiré à son Eglise tant d’entreprises excellentes au profit de ses compagnons de misère et de labeur. Il y a entre autres l’école laïque qui a accoutumé les âmes d’enfants à se passer de la foi. Volontiers nous la dénonçons comme la grande responsable de cette apostasie. Mais la vie sociale laïcisée, organisée longtemps sans aucun principe religieux, sans préoccupation morale, sans assistance fraternelle, n’a pas été une école moins redoutable d’incrédulité. Cette paganisation du régime du travail a contribué à la déchristianisation des travailleurs. Elle leur a, en maints endroits, imposé des conditions d’existence qui leur rendaient bien difficile la pratique des vertus chrétiennes, et elle les a enveloppés d’une atmosphère matérialiste qui les déshabituait même de penser en chrétiens. Une cité industrielle sans foi et sans amour a préparé ses manœuvres à devenir des sans-Dieu. L’Evangile de Jésus ne leur révélant plus avec assez d’éclat ses sollicitudes anciennes, ils s’en sont détachés, comme d’un livre mort, pour s’éprendre de l’évangile de Marx, puis de celui de Lénine, où ils croyaient sentir un frémissement de tendresse humaine et de promesses meilleures pour leur avenir.
Apostasie populaire, menace de révolution : nous voyons aujourd’hui ce qu’il nous en coûte d’avoir délaissé notre loi de charité. Quelques sacrifices qu’elle nous eût imposés pour transformer notre régime économique, sa pratique intégrale nous eût été moins onéreuse que son abandon partiel : nous eussions prévenu en grande partie les ravages du communisme révolutionnaire en accentuant les bienfaits de notre communion des saints.